Non assistance à population en danger

Non assistance à population en danger dans la province du Tuy (Houndé)

lundi 19 août 2013

Ceci est le cri de cœur de la coordination provinciale du Tuy d’Antenne Social Alert Burkina (l’ASAB/TUY). Dans cette déclaration, elle interpelle qui de droit sur le problème crucial du manque d’ambulance dans cette province stratégique de par sa position sur la route nationale N°1, une zone où, selon les auteurs, "les accidents de la voie publique tendent à ravir la vedette au paludisme".

Le district de Houndé est l’un des 7 districts que compte la région sanitaire des Hauts Bassins. Il est situé sur la RN n°1, et cette situation lui confère une position géostratégique importante dans le dispositif sanitaire national. Au-delà de ce critère, il faut admettre que la province regorge d’immenses potentialités agricoles (coton, mais.. .), minières (or, manganèse…). En somme, une zone d’attraction démographique (Houndé serait la 10e ville la plus peuplée du Burkina selon le dernier recensement). Par conséquent, l’utilisation des services demeure acceptable avec un taux au-delà de la norme nationale.

Si de par le passé, cette structure a joui d’une certaine notoriété (cercle d’or, deuxième meilleur district, district d’accueil pour les voyages d’études pour s’inspirer de l’expérience), aujourd’hui, force est de reconnaître qu’il traverse d’énormes difficultés qui constituent un véritable handicap à son rayonnement, parmi lesquelles il serait intéressant de faire cas de celle de l’ambulance.

En effet, depuis déjà quelques années, ce problème est récurrent et il ne se passe pas de mois ou l’ambulance ne séjourne pas une semaine au garage. Les populations gardent toujours en mémoire la transformation du corbillard de la commune en ambulance. Une initiative du maire fortement bien appréciée. Comme quoi, mieux vaut encore des malades que des morts. Mais depuis lors, le bien-être des citoyens ne semble pas une priorité pour nos hommes politiques ; alors que cette question devrait occuper une place importante dans les sessions du conseil municipal quand on sait que dans les instances de gestion des formations sanitaires, siègent les conseillers municipaux.

Une solution définitive doit être trouvée quand on sait que le district couvre 27 CSPS et les distances du CMA aux CSPS vont de 5km à 97km sans oublier le trajet Houndé-Bobo qui est de 105 km.

C’est véritablement la situation de non assistance à population en danger que nous vivons. Quatre ambulances font la navette dans le district (Bereba, Koumbia, Bekuy, Houndé), mais aujourd’hui, elles souffrent toutes des pannes diverses :
 Manque de chauffeurs pour la pajero de Bereba qui d’ailleurs vivote après plus de 15 ans de circulation ;
 Les ambulances de Bekuy et de Koumbia toutes des Prado chinoises semblent tenir le coup mais Dieu seul et les chauffeurs connaissent leur secret pour atteindre le CMA en cas d’évacuation ;
 Enfin, quant à celle de Houndé, elle était sensée être la meilleure car c’est la plus récente des dotations dans le district, mais la charge qu’elle subit, même une remorque ne résisterait pas. Pour preuve, il ne se passe pas un jour ou ce véhicule ne parcourt pas en moyenne 5 fois Houndé- Bobo- Houndé et une fois en moyenne le circuit des CSPS qui n’ont pas d’ambulances. Et l’état des voies surtout en hivernage n’est pas pour arranger les choses.

CONSEQUENCES :

Depuis le début de l’année on assiste permanemment et impuissamment à des garages de l’ambulance. En effet au mois de juin déjà, l’ambulance de Houndé comptait près de 45 jours au garage pour raison de roulements et il a fallu se rendre au Ghana pour les chercher. A peine sortie du garage, pas plus de deux semaines, la voici encore repartie et ce depuis le mois de juillet. Déjà que les frais d’évacuation de 21000 frs pour se rendre à Bobo sont décriés, s’il faut faire appel à Burkina secours dont on sait que les prestations ne sont pas de nature humanitaire (35000 à 50000) comme c’est parfois le cas, le droit à la santé n’est il pas loin d’être une réalité dans notre pays ?

Les autorités sont interpellées car la problématique des évacuations dans le district vient relancer les débats sur la prise en charge des urgences et sur la politique sanitaire nationale en général car Les conséquences telles la carence notoire en moyens de diagnostic et de traitement des formations sanitaires, la faible accessibilité financière des soins, l’insuffisante disponibilité des services offerts ainsi que l’insuffisance du personnel se ressentent dans notre district.

Quelques éléments :
 il n’est pas rare que des malades entrent et sortent (vivants ou morts) sans avoir reçu les soins contre le mal dont ils souffrent ou souffraient ;
 chaque jour que Dieu crée, des milliers de malades et parents de malades, redoutant les coûts élevés des prises en charge, évitent de s’y rendre ;
 il arrive également que des malades en situation d’urgence, ne soient pas pris en charge parce qu’ils n’arrivent pas à acquérir les kits nécessaires ou à supporter les frais de carburants pour l’ambulance lorsque les conditions nécessitent une évacuation ;
 Il est courant que des parents ne pouvant plus faire face aux ordonnances médicales finissent par s’évader ou signer une décharge pour repartir chez eux avec leurs malades ;
 dans certains services tels la maternité et la médecine, les longues attentes sont de règle du fait de leur faible capacité d’accueil et de l’insuffisance de personnel qualifié.

Cet état de fait suscite beaucoup d’interrogations :
 quelles sont les critères de dotation des districts en ambulances ?
 y a-t-il ou pas une ligne budgétaire pour la maintenance du matériel roulant ?
 la politique des SONU n’est elle pas effritée dans le district de Houndé quand on sait que le volet évacuation est subventionnée ?
 que faire quand il n’y a pas d’ambulance et que le patient manque de moyens pour payer Burkina secours ?

Bref, autant de questions qui à notre humble avis trouveront certainement réponse dans les jours à venir, car une zone où les accidents de la voie publique tendent à ravir la vedette au paludisme, où beaucoup d’ urgences médico-chirurgicales et gynécologiques sont évacuées vers Bobo par manque de matériels techniques d’une part et d’autre part par insuffisance de ressources humaines qualifiées, il est intolérable voire inadmissible qu’un district reste sans ambulance ne serait ce qu’un jour à fortiori des mois.



20/08/2013
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