SANTE AU BURKINA : S O S spécialistes !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai un ami qui a failli trépasser la semaine dernière. Il avait un organe de son corps qui ne répondait plus aux commandes. Son problème, c’est que les tournevis d’un infirmier ne pouvaient pas le dépanner, ni les marteaux d’un médecin généraliste. Il lui fallait forcément les pinces d’un toubib spécialiste en "médico-machin-truc-bidule-charabia-chose". En tout cas, un gars qui s’y connaît très bien dans l’organe en question. Mais pour avoir un rendez-vous avec l’homme en blouse blanche, c’était comme attraper la lune en un bond. La raison : le médecin était le seul spécialiste dans son domaine au Burkina. De sorte que tous ceux qui souffraient du même mal que mon ami s’adressaient à lui.

Et apparemment, le moment qu’a choisi l’organe de mon ami pour tomber en panne correspondait à une heure de pointe. Il y avait donc embouteillage devant le cabinet du médecin. Conséquence : c’est à la porte du paradis (ou de l’enfer, allez-y savoir) que le toubib est allé repêcher mon ami pour le ramener sur terre parmi nous. D’autres n’ont pas eu la même chance que lui. Je me suis mis alors à me poser des questions. Pourquoi n’a-t-on pas beaucoup de spécialistes au Burkina ? Pourquoi entend-on de façon aussi récurrente cette phrase : "Je suis le seul spécialiste dans mon domaine dans tout le pays" ? Pourquoi pour un mal qui peut toucher près de 16 millions d’âmes, on n’a qu’un seul homme pour le soigner ?

Ce qui est grave, c’est que ce n’est pas la santé seule qui est concernée. Il y a également d’autres secteurs comme l’enseignement. La première réponse que j’ai trouvée, c’est la méchanceté et l’égoïsme ! Oui oui ! Il y a des gens qui sont fiers d’être sui generis, c’est-à-dire uniques en leur genre. Ils trouvent une certaine fierté à se le réclamer. Bien sûr, il y a aussi le gombo qui pousse à cette situation, parce qu’ils sont sollicités partout. Pour sauvegarder ces avantages, ces messieurs et dames font tout, mettent parfois pieds, bras et têtes sur des dossiers pour empêcher que les jeunes gens puissent émerger dans le même domaine qu’eux. Pourtant, ils sont débordés, surchargés et en fin de compte, leur rendement en prend un coup. Il faut quitter dans ça dè !

Mais au-delà de ces magouilles, je pense que la carence dont je parle peut s’expliquer surtout par le fait qu’on ne forme pas assez ou pas du tout, de spécialistes. Dans certains domaines, en effet, vous trouverez des spécialistes qui ont enterré au moins deux fois l’âge de la retraite, mais qui sont toujours au four et au moulin, simplement parce qu’il n’y a pas leur "deux" dans le pays. C’est vrai que former des spécialistes a un coût qui peut faire perdre les cheveux d’un coup. C’est aussi vrai que, généralement, quand on envoie les gens se former à l’extérieur, ils prennent le soin de disparaître une fois leur cursus terminé. Mais ce n’est pas une excuse pour l’Etat. Les domaines comme la santé et l’éducation relèvent de sa responsabilité et il n’y a pas de cherté de coûts de formation qui tienne pour justifier une absence de renouvellement des ressources humaines.

Ensuite, si les gens ne veulent plus revenir au pays, c’est qu’il y a un problème auquel il faut trouver une solution. Je ne suis pas certain que quelqu’un soit fier de déserter son pays pour aller servir un autre. Ou bien, les gars ? Moi je pense que c’est surtout parce qu’ils savent qu’ils auront un débouché contre la galère au pays ou dans le pire des cas, pas de débouché du tout. Pourquoi voulez-vous qu’un monsieur qui a obtenu un diplôme de chercheur d’université revienne au pays galérer dans des classes de lycée ? Il faut, certes, être patriote mais, le patriotisme qui affame tue le patriotisme ! L’Etat est donc sollicité : il faut investir dans la formation des spécialistes et aménager des conditions idoines de travail au pays pour avoir un retour sur investissement.

Pour commencer, j’ai une proposition : faisons en sorte que chaque chef-lieu de région ait son plateau technique médical complet avec tous les spécialistes nécessaires. Il ne faut plus que des Burkinabè soient chaque fois obligés de traverser tout le pays pour venir se faire soigner à Ouagadougou. C’est pareil aussi pour ceux qui dépassent même Ouagadougou. Si tous les Burkinabè qui se soignent chaque année hors du pays le faisaient au Burkina, ce serait bien. Cultivons le tourisme médical. On clame partout que le Burkina est un pays de services. Travaillons à ce qu’un séminariste étranger n’éprouve pas le besoin de se faire rapatrier dans son pays pour un simple mal de tête. Soyons visionnaires, ayons confiance en nous-mêmes et osons. Et par pitié, répondons à ces S O S spécialistes lancés chaque jour par des Burkinabè qui ont eu la malchance de choper des maladies "spécialisées" !



12/08/2011
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